Un mystère profond, comme un cœur poignardé, saigné en signe de croix, d’une Mater Dolorosa vaudou, circule dans la pièce Erzuli Dahomey. Quel est ce secret ? Il est exposé, mais n’est jamais dit. L’inceste de droit divin des rois et des reines ? La gémellité des enfants Frantz et Sissi telle une vengeance sacrée contre leur mère Victoire ? La douleur nègre des siècles d’esclavage ? Les rapports de classe que le désir emporte et déchire dans la violence des races ? Tout ce que le ciel permet aurait dit Douglas Sirk, avec ses films d’artifices en technicolor, ses mélodrames d’amour, de passion, de larmes, et de rédemption.
Ça m’a même pas fait mal, Manuel Joseph, photographie :Jean-Luc Moulène (éditions Al Dante, 2000)
De Yan Ciret in Art Press n°274 (décembre 2001) Partons d’une évidence, il n’y a pas de « littérature d’enfants ». Étymologiquement, l’in-fans est celui qui vient...
Œuvres, Édouard Levé (P.O.L., 2002)
Yan Ciret, in Art Press, décembre 2002. Si l’ouverture à l’infini donne à une œuvre sa capacité à faire venir des visions concrètes, à leur maximum de possibles, il faut bien considérer...
Événements 99
Événements 99, Anne-James Chaton, éditions Al Dante, 2001In « art press » mai 2002 On ne peut parler d’Evénements 99 qu’en termes d’extériorité, de figures du dehors,...
Agnès Thurnauer : Now When Then / Journal et autres écrits
In Critique d’art 43 | Automne 2014La position cartographique, et généalogique, d’Agnès Thurnauer est l’une des plus singulières de la peinture actuelle. Lorsque l’espace et le...
Pierre Alferi, horizons mobiles
Entretien « art press », 262, novembre 2000 Politique de la fraternité, politique des affects, les pleurs d’Achille sur le corps mort de son amant Patrocle, larmes de César portant la tête...
Dernières nouvelles des mondes flottants
Kenneth White, entretien avec Yan Ciret Revue du Théâtre de la Bastille,1994, dir. Yan Ciret. Repris en volume “Le lieu et la parole” Kenneth White, éditions du Scorff (1997). Conversations...
Guy Debord, un stratège dans son siècle
Par Yan Ciret in « magazine littéraire » – juin 2001« L’aventurier est celui qui fait arriver les aventures, plus que celui à qui les aventures arrivent » (Potlatch n°7, 3 août...
Yan Ciret : L’Autre Étranger (Ici et Ailleurs) – Marc Augé
Anthropologue/Ethnologue – (président de l’EHESS entre 1985 et 1995)Entretien avril 1994, publié dans la Revue du Théâtre de la Bastille n°17, 1995. Photogramme © Rachel Godefroy / Film...
« La nuit perdue” (1973), film de Bernard-Marie Koltès
La Nuit perdue, unique film de Bernard-Marie Koltès, a été présenté le 16 mai 2009, dans le cadre de l’hommage rendu par le Centre Beaubourg – Bibliothèque Publique d’Information...
Territoires et cosmos de Georges Noël
Par Yan Ciret, auteur du catalogue de l’exposition : Georges Noël, La magie du signe Galerie Dukto / Île Saint-Louis – Paris, 4 novembre 2021– 29 janvier 2022 Texte cartel introductif...
Territoires de Koltes
Exposition de Yan Ciret. Constituée de douze toiles imprimées de 3 mètres carré chacune, ces douze panneaux représentent l’univers littéraire, théâtrale, mythologique et réel de Bernard-Marie Koltès.
L’autodafé de Guy Debord (II)
Une esthétique du dépassement de l’art et pensée chinoise
(Texte remanié et augmenté de la conférence donnée au colloque « Guy Debord » au Parlement des philosophes et Musée d’art moderne de Strasbourg, en février 2007)
L’apologétique du nihilisme de Guy Debord ne défend pas le néant, elle s’oppose à lui par les mêmes moyens et use de ses méthodes. Son discours, issu de la rhétorique militaire, se déploie avec une variété de stratégies, qui fait d’un repli, une attaque, et d’une offensive, sa négation. Cet infini de principes contient sa contradiction, il la serre en lui-même, faisant de l’ombre du négatif sa proie fugitive, afin que se dégage une guerre de mouvement.
Guy Debord : Les Fantômes irréguliers de l’avant-garde (Diptyque sonore)
Une émission de Yan Ciret, sur France Culture in “Surpris par la nuit” (novembre 2006).
Réalisation Pierre Willer
Les années lettristes de Guy Debord : la poésie du scandale (1/2)
Sur quelques quartiers de Paris, une avant-garde bouleverse tous les principes de l’art, et détruit avec la violence du scandale tous les éléments de la société existante. Fondé après la guerre par Isidore Isou, vite rejoint par Gabriel Pomerand, le mouvement lettriste attire à la lui la jeunesse la plus révoltée. Une bande, ou plutôt un « gang » se constitue avec des créateurs dont la sauvagerie n’a d’égal que le talent pour le « dépassement de l’art ».
Vers le Chaos-Monde – Entretien avec Édouard Glissant
Dans cet entretien, Edouard Glissant, poète, romancier, essayiste, auteur dramatique et penseur de la « créolisation » revient sur la notion de Chaos-Monde comme espace où les cultures occidentales peuvent rencontrer les cultures qui ne le sont pas…
Il est de la règle de vouloir la mort de l’exception – J.L. Godard, propos recueillis
« Les pauvres sauveront le monde, malgré eux » J.L. Godard.
« La culture pour moi, c’est la règle, alors que l’art c’est l’exception. La culture c’est la diffusion, et l’art la production. J’ai toujours été parfaitement produit, mais j’ai toujours été diffusé avec condescendance pour ne pas dire avec animosité voire de la négligence. Ces phénomènes de production et de diffusion sont très importants.
Debord dans le temps – entretien avec Philippe Sollers
« Par laquelle oeuvre se pourra connaître la grandeur du prince dont vous parlerai, et aussi de votre entendement. »
Mémoires. Guy Debord, 1958.
En 1958, sort le premier numéro d’Internationale Situationniste, Guy Debord a 26 ans. Philippe Sollers publie son premier roman, Une curieuse solitude, il a 21 ans.
Lors d’un entretien avec Yan Ciret, l’auteur de Paradis, Studio mais aussi du film Guy Debord, une étrange guerre dans la série « Un siècle d’écrivain » (France 3) revient sur leurs parcours respectifs, mutuels, parallèles dans les avant-gardes de leur temps.
L’anticoncept de G. J. Wolman – conférence de Yan Ciret
Projeté et décrypté par Yan Ciret, aux Laboratoires d’Aubervilliers, en janvier 2010, le film pré-situationniste, L’Anticoncept de Wolman fut immédiatement interdit par le comité de censure en 1952 ; sa clandestinité allait durer une trentaine d’année. L’arrêt de la préfecture, une fois levé, ne révèlera aucune raison précise quant à cette interdiction. C’est la forme, violente, radicalement anti-cinématographique, qui fut sans doute la raison du scandale. Il s’agit pourtant de l’un des films parmi les plus importants de l’histoire du cinéma. Projetés sur un ballon d’hélium, des cercles noirs et blancs, alternent à des rythmes stroboscopiques. Tandis qu’un texte essai, poème, biographique, scientifique, vient percuter la masse visuelle de stridences sonores.
P.P. Pasolini dans le chaudron des hérésies
Il faudrait relever les mille manières d’évitements, d’aveuglements, dont la figure de P.P. Pasolini a été systématiquement l’objet. On croit le connaître, l’identifier en dissident martyr, en philologue marxiste, chrétien, et adepte de Freud, puis en cinéaste de la sacralité héritée de ses maîtres de la Renaissance italienne. N’a-t-il pas voué un culte sans partage à Roberto Longhi, l’historien d’art de la « fulguration figurative » pasolinienne? C’est-à-dire une haine de l’abstraction, l’amour et l’adoration de l' »expression » native des corps, des visages, qui lui faisait détester les froides extensions rationalistes des écrits sadiens.
Sarah Kane, dernier blasphème de l’Occident
« Le suicide est une catégorie de l’Espérance. » Jacques Lacan.
Devant une pièce telle que 4.48 Psychose, de Sarah Kane, quelque chose claque, comme une évidence, une manière lumineuse d’être en présence d’un chef d’œuvre. On se demande alors, pourquoi tant d’évitements, de refuges, de dénégations, d’appropriations fausses ou vampiriques. La langue est-elle maniée, dans sa profondeur la plus haute, avec une intensité telle, que personne ne pourrait s’y attaquer sans s’y brûler, s’aveugler sur son sens ? Certains y voit, opportunément, une pièce testamentaire, signée par le suicide de son auteur, d’autres refluent vers l’indicible, les zones obscures de l’invisible, la métaphysique de théâtre. Combien de manières, de ne pas lire, de ne pas voir, de ne pas entendre, et au final tant de façons de ne pas vouloir savoir.
Poursuite !
Rien ne paraît pouvoir enrayer la mise en lumière du réel. Le cloisonnement des disciplines s’en trouve déplacé au point que les frontières entre représentation et expérience s’avèrent sans objet. C’est dans cette perspective, selon Yan Ciret, qu’il faut envisager l’avènement de ce pinceau lumineux du théâtre, du cirque et du music-hall, qu’est la «poursuite».
Publié dans Lux, des lumières aux lumières, Gallimard, Les cahiers de médiologie n°10
Outside Poetry /Vox in Action – Remarques sur le festival actoral
Un au-delà de « l’émergence des nouvelles écritures » devrait se dessiner, pour récuser ce que les formules peuvent avoir de normatif ou d’amnésique. Il n’y a rien de nouveau dans le montage des disciplines, performances, arts plastiques, pratiques textuelles, chorégraphies, musiques, il n’y a que l’apparition de ce qui était voilé, relégué à l’arrière plan. C’est un mouvement de fond, qu’un festival tel qu’actoral fait maintenant surgir, rend clair à la distinction des genres. Et non pas à leur confusion « transdisciplinaire » désormais largement officialisée.
Le Don de Gabriel – Hanif Kureishi
L’accueil plus que réservé, fait au livre d’Hanif Kureishi Le don de Gabriel, ressemble à s’y méprendre au malentendu du Furies de Salman Rushdie. Non pas qu’il faille toujours comparer les deux auteurs, cela a déjà été (en vain) beaucoup le cas, par facilité communautaro-littéraire, mais parce que dans les deux œuvres on a cru voir un repli sur l’intimité. « Grâce », notamment, à l’explicite d’Intimité, livre de Kureishi adapté au cinéma par Patrice Chéreau.
La fabrique, la révolution, l’émancipation – Jacques Rancière
Une pieuvre idéologique enserre toute pensée révolutionnaire, elle en destitue la violence légitime, qui déclasse l’ordre établi ; elle lui dénie le droit à la théorie nécessaire, qui réintroduit le « n’importe qui » démocratique dans un agencement qui échappe au déterminisme social. Cette pensée émancipée s’élève contre l’assignation de l’individu à des identifications lui retirant sa capacité subjective, de produire du sens en son nom propre. Nombre des auteurs de la Fabrique connaissent ce procès.