Anthropologue/Ethnologue – (président de l’EHESS entre 1985 et 1995)
Entretien avril 1994, publié dans la Revue du Théâtre de la Bastille n°17, 1995.
Photogramme © Rachel Godefroy / Film « Mali Royaume – la sourate du Kalâm » © Yan Ciret
Moi-même et l’autre, nous sommes rencontrés ici, au plus reculé du voyage.
Victor Segalen, Equipée
La colonisation des imaginaires, leur effacement a reductio par une loi, d’autant plus impitoyable, qu’elle se tient dans sa fausse naturalité. Comme si le droit positif, dans son implicite, se substituait à la loi naturelle ou même morale. Se donnant pour une évidence indistincte du monde. Par-là le « TINA » – « there is no alternative » – se décrète en tant que fin dernière irréfutable. Le dernier mot de l’histoire. Même si l’on sait, dans la profondeur des temps, qu’il n’en est rien. Au passage cet « imperium » dissout, absorbe les identités, les différences, les « espèces d’espaces » (Perec), les territoires qui furent terrae incognitae. Mais cette ressemblance généralisée, que l’on peut appeler globalisation, fait ressurgir des fractures, des dérives, des pathologies meurtrières, oubliées ou enfouies. Par un effet retour, de cette captation, l’envers de cette appropriation, déclenche des séismes violents, allant de l’un à l’autre, ici et ailleurs.