Avec ce texte de l’écrivain Mario Vargas Llosa, sur la pièce Angels in America de Tony Kushner, « Cosmos » commence la publication de textes inédits, ou rares voire non traduits. Celui-ci du Prix Nobel de littérature 2010 a été publié dans « La Revue du Théâtre de la Bastille n°5 » titré « Un monde blanc » (dir. Yan Ciret), janvier 1995. On pourra mesurer la haute générosité de cet immense écrivain. L’auteur de « La ville et les chiens », et autres chefs-d’œuvre, débute une série qui verra la publication de textes d’écrivains tels que Sony Labou Tansi, Salman Rushdie, Alvaro Mutis, Allen Ginsberg. Il est a noter l’entrée au répertoire de « La Comédie Française » (2019-2020) de Angels in America, dans la mise en scène du cinéaste Arnaud Desplechin.

Visions de Guy Debord, la gloire du paria
voir le sommaire In Le 1 Hebdo : « Ce que nous dit Guy Debord », texte publié sous le titre L’esthétique du détournement (voir bas de page) – août 2023.Visions de Guy Debord, la...

Yan Ciret : L’Autre Étranger (Ici et Ailleurs) – Marc Augé
Anthropologue/Ethnologue – (président de l’EHESS entre 1985 et 1995)Entretien avril 1994, publié dans la Revue du Théâtre de la Bastille n°17, 1995. Photogramme © Rachel Godefroy / Film...

Serge Daney ou le passage du témoin
Yan Ciret (Le Quotidien de Paris, 13 août 1993)Introduction, in Le Monde Hors-Série, Juin 2025...

Œuvres, Édouard Levé (P.O.L., 2002)
Yan Ciret, in Art Press, décembre 2002. Si l’ouverture à l’infini donne à une œuvre sa capacité à faire venir des visions concrètes, à leur maximum de possibles, il faut bien considérer...

Événements 99
Événements 99, Anne-James Chaton, éditions Al Dante, 2001In « art press » mai 2002 On ne peut parler d’Evénements 99 qu’en termes d’extériorité, de figures du dehors,...

Agnès Thurnauer : Now When Then / Journal et autres écrits
In Critique d’art 43 | Automne 2014La position cartographique, et généalogique, d’Agnès Thurnauer est l’une des plus singulières de la peinture actuelle. Lorsque l’espace et le...

Pierre Alferi, horizons mobiles
Entretien « art press », 262, novembre 2000 Politique de la fraternité, politique des affects, les pleurs d’Achille sur le corps mort de son amant Patrocle, larmes de César portant la tête...

Dernières nouvelles des mondes flottants
Kenneth White, entretien avec Yan Ciret Revue du Théâtre de la Bastille,1994, dir. Yan Ciret. Repris en volume “Le lieu et la parole” Kenneth White, éditions du Scorff (1997). Conversations...

Guy Debord, un stratège dans son siècle
Par Yan Ciret in « magazine littéraire » – juin 2001« L’aventurier est celui qui fait arriver les aventures, plus que celui à qui les aventures arrivent » (Potlatch n°7, 3 août...

Ça m’a même pas fait mal, Manuel Joseph, photographie : Jean-Luc Moulène (éditions Al Dante, 2000)
De Yan Ciret in Art Press n°274 (décembre 2001) Partons d’une évidence, il n’y a pas de « littérature d’enfants ». Étymologiquement, l’in-fans est celui qui vient...

Les communautés publiques
« Cahiers de théâtre », N° 12, mars-avril 1994.
Entretien Jean-Christophe Bailly, par Yan Ciret
Suivi de Panoramiques, Jean-Christophe Bailly, éditions Bourgois (2000), art press n°285.
Notes nouvelles – Alors que sortent par Jean-Christophe Bailly « L’imagement » Coll Fiction &Cie/Seuil, « Naissance de la phrase » éd. Nous, 2020, ainsi que récemment « Campagnes françaises » éd. Steidl, avec le regretté photographe Thibaut Cuisset, l’œuvre de l’écrivain s’impose comme l’une des plus importantes, les plus déployées du « panorama » de la littérature contemporaine. L’auteur de « Le dépaysement. Voyages en France », éd. Seuil, Prix Décembre 2011, est devenu tour à tour vigies et phares dans la nuit obscure. Puissance destituante de tout pouvoir, de toute force de dépossession. Lumière et voyant.

Jamaica Kincaid – au fond de la rivière
Editions de l’Olivier
Yan Ciret, article publié dans la revue art press n°274.
La géographie d’un écrivain, celle dont il vient et celle qu’il vise, indique toujours un contrat d’écriture particulier. Il ne s’agit pas tant d’une appartenance à un territoire, comme pour Jamaica Kincaid les Caraïbes et l’île d’Antigua où elle est née, mais plutôt d’une notion bien précise de l’espace. Le livre, le texte, s’articulant comme une prise de position, de point de vue, et une occupation de cet espace ; où je me situe et quels déplacements de frontières l’écriture peut-elle opérer, partant de mon lieu d’ascendance ? Voilà comment on peut lire, à première vue, les récits qui composent le recueil Au fond de la rivière.

Guy Debord Correspondance – vol. 3 (1965-1968)Editions Fayard
Par Yan Ciret, in art press n°290 – mai 2003
Les années 1965-68 s’inscrivent comme décisives: apogée de la révolte, aboutissement de toutes les avant-gardes – dadaistes, surréalistes, lettristes et bien sûr situationnistes. C’est peu de dire que les lettres regroupées ici ont un gout de poudre et de barricades. La violence y est froide, concentrée sur des objectifs tactiques: la révolution semble à portée de la main. Ni dévotion pieuse, ni fantasmagorie. Debord a bien été le meneur, parmi les plus engagés dans l’histoire de Mai 68: sa reprise ultérieure, et rétrospective, en tant que mémorialiste, a été radicalement véritable Résumons : le dépassement de l’art a eu lieu, la grande poésie a pris vie et style dans et par l’insurrection. Le présent ne laissera pas de trace, il faut agir vite.

Brecht au-delà du spectacle
Yan Ciret, article publié dans la revue art press n°265
L’époque ne serait pas brechtienne. Son centenaire n’aurait démontré qu’un échec de sa pensée à échapper au marxisme réaliste socialiste. Son théâtre tour à tour nihiliste et rimbaldien, sous influence nietzschéenne, puis didactique avant d’être épique, doit être renvoyé au tribunal de l’Histoire. Le cas y est déjà jugé : aveuglement communiste, complice stalinien du régime de la RDA, écrivain organique du parti prolétarien. Une biographie à scandale lui a d’ailleurs réglé son compte : Brecht n’a rien écrit, il s’est contenté de spolier ses maîtresses ; de plus, ce triste individu se comportait avec un cynisme d’autocrate, pire, comme un fasciste en puissance. Son esprit théorique, spéculatif (même sur la Chine), ressort de l’ennui terne et gris dont parle Goethe. Seul le premier Brecht, celui de Baal ou celui de Dans la jungle des villes, reste encore épargné pour raison d’anarchisme panthéiste, de punk-attitude, de cruauté pulsionnelle.

il est minuit dans la littérature, Sam
Yan Ciret,article publié dans la revue art press n°274
Dans le petit livre hommage qu’il consacre à Jérôme Lindon, Jean Echenoz considère l’expérience d’écriture en elle-même et invite son lecteur à poursuivre une réflexion sur le sens politique de cette démarche, qu’il associe à celle de son éditeur.

les fantômes irréguliers de l’avant-garde
Yan Ciret, article paru le 1er juillet 2006 dans art press
Aux Éditions Allia
Jean-Marie Apostolidès et Boris Donné
Ivan Chtcheglov, profil perdu
Ivan Chtcheglov
Écrits retrouvés
Patrick Straram
Les bouteilles se couchent
Aux Éditions Sens&Tonka
Patrick Straram
La veuve blanche et noire un peu détournée
La disparition de l’horizon des utopies fait réapparaître des spectres que l’on croyait définitivement engloutis. Ils reviennent de ce lieu qui signifie littéralement «nulle part». Il faudrait s’interroger sur ces figures hamletiennes, elles ont été le plus souvent la part maudite des avant-gardes esthétiques et politiques. Le sujet est donc plus vaste et plus crucial qu’on pourrait le croire.

De la vie nue ou le jugement sans loi
Yan Ciret, article paru dans la revue Art press n° 280, Juin 2002
Dans Moyens sans fins, notes sur le politique et l’Ouvert, De l’homme et de l’animal (réédité pour le premier et publié pour le second aux éditions Rivages), la philosophie de Giorgio Agamben dessine une voie où l’homme dans l’animal ne serait pas réduit à l’animalisation de l’humanité. L’accomplissement messianique de la fin de l’histoire devient là: plus urgente des interrogations : l’enjeu consiste à substituer à la fusion du zoologique et du biologique, un avènement de la vie nue des peuples autre qu’un acheminement vers leur destruction.

Nathalie Quintane : les déroutes du sens
Yan Ciret, article publié dans la revue art press n°290
Formage, Les Quasi-Monténégrins suivi de Deux Frères Éditions P.O.L
Qui aime la chansonnette ne pourra qu’aimer Nathalie Quintane. Depuis quelques livres subtils, déstabilisants, cette écrivain a réussi son tour de force : rejeter la notion de style, et être arrivée à un degré x de l’infini de l’écriture. Qu’est-ce à dire ? Qu’entre ces deux extrêmes elle est parvenue à se frayer un chemin étroit, sinuant à travers la sociologie et la poésie pure. Elle a inventé un scrabble mallarméen, une sorte de grille faite de logiques verbales, de fabulations, assez serrée pour paraître vraisemblable. N’importe qui pourrait s’y perdre, mais le lecteur n’aura aucune peine à y retrouver sa place, son monde d’habitudes, son «prosaïsme» le plus profond même.

Eugène Savitzkaya – L’enfance nue des origines
Consacré « frère en écriture » et comme un « grand écrivain » par Hervé Guibert, Eugène Savitzkaya a depuis Mentir et Mongolie plaine sale, écrit une dizaine de livres baroques, cruels et enfantins, ainsi qu’une vraie fausse biographie hypnotique d’Elvis Presley Un jeune homme trop gros. La majorité aux éditions de Minuit. Son dernier roman En vie, célébrant la vie ordinaire des simples, est doublé d’une pièce de théâtre tellurique à la manière d’une Apocalypse, cela s’appelle : La Folie originelle.
Revue N°7 du Théâtre de la Bastille septembre 1995 – avril 1996
Suivi de « Hervé Guibert – La Fabrique de fantômes/La vie fiction », Cahiers de théâtre, n° 12 (mars-avril 1994)

Les écritures de Cy Twombly
Hanté par les inscriptions, l’empreinte à peindre ou à graffiter, le plus européen des peintres américains expose à la galerie Karsten Greve.
Article in « Le quotidien de Paris », le 11 septembre 1993, par Yan Ciret.
Un peintre laisse une trace, d’un moment donné de sa vie, de son expérience du monde. Picasso notait jours et heures, de chaque geste pictural. On ne le découvre qu’après-coup, quand le tableau sorti de l’atelier vient prendre sa forme définitive par le regard de l’autre (ndlr : ou le baiser profanation, d’adoration, pour Cy Twombly, cf. « Libération 11/16/2007 »(1.). C’est à partir de ce passage de seuil de l’un (celui qui peint) à l’altérité (celui qui voit) que s’effectue le travail de Cy Twombly. Un art de vespasiennes graphitées par des vers d’Hésiode, une monnaie scripturale de la transaction, du plaisir sensuel païen. Un éros qui se dessine et s’épanouit hors de la transcendance. Toute ressemblance avec les fresques pompéiennes, de tavernes, de bordel, de palais patriciens, n’est pas exclue.

Continent créole (dans le vent d’ouest du cyclone) Entretien avec Raphaël Confiant par Yan Ciret
Suivi de Soulèvements (comme une pierre de lave jetée dans le jardin du maître)
Yan Ciret : En quoi l’enseignement du créole est-il une question cruciale de ce que vous avez appelé, reprenant l’expression de la sociologue guadeloupéenne Dany Bebel-Gisler, « l’archive symbolique de notre culture »?
Raphaël Confiant : La question de l’introduction du créole à l’école est centrale en ce début du XXIe siècle. En fait, l’école apparaît paradoxalement comme la seule planche de salut d’une langue qui cesse graduellement d’être transmise de manière maternelle ou familiale. Le paradoxe c’est que longtemps l’école a combattu à la fois le créole et le créolisme (ou pénétration sauvage du créole dans le français) mais aujourd’hui nous pouvons un instrument de recréolisation.

Le carré noir sur fond noir de Guy Debord
Chaque film est une guerre, une aventure, un conflit avec le monde réel, peu de cinéastes ont fait de cette bataille incessante la matière même de leur oeuvre. Et si quelqu’un a poussé à l’extrême cette manière de faire, c’est Guy Debord. On a pourtant rarement vu ses films, les dictionnaires de cinéma le laisse dans une obscurité, qu’il a lui-même choisie pour ses oeuvres cinématographiques. Elles étaient devenues quasi invisibles dans leur intégralité rétrospective, après l’assassinat de son ami et producteur Gérard Lebovici. Le peintre danois Asger Jorn, ne disait-il pas que Guy Debord n’était pas mal connu, mais plutôt connu comme le mal.