Parlons travail ; La Bête qui meurt ; La Contre-vie (nouvelle traduction de Josée Kamoun) Éditions Gallimard
Yan Ciret : Art press, Octobre 2004.
Depuis ses débuts, Philip Roth cogne là où ça fait mal. Si vous cherchez dans l’invention romanesque une rédemption, la moindre consolation, passez votre chemin. C’est le pire qui vous attend. Pas l’ombre d’un humanisme compassionnel, mais pas de trace non plus de ce cynisme étriqué qui fait l’ordinaire des romans à la mode. Le cynisme modernisé n’étant que l’autre nom de la haine, du kitsch dans le ressentiment. Dans l’un des dialogues que Roth mène avec Milan Kundera dans Parlons travail tout est résumé d’un trait par l’écrivain tchèque : « La vie humaine est bornée par deux abîmes : d’un côté le fanatisme, de l’autre le scepticisme absolu. ». Voilà qui nous amène au cœur du sujet Philip Roth, l’espérance et le désespoir sont les deux faces du même nihilisme, de la même pulsion de mort.