Hanté par les inscriptions, l’empreinte à peindre ou à graffiter, le plus européen des peintres américains expose à la galerie Karsten Greve.
Article in « Le quotidien de Paris », le 11 septembre 1993, par Yan Ciret.
Un peintre laisse une trace, d’un moment donné de sa vie, de son expérience du monde. Picasso notait jours et heures, de chaque geste pictural. On ne le découvre qu’après-coup, quand le tableau sorti de l’atelier vient prendre sa forme définitive par le regard de l’autre (ndlr : ou le baiser profanation, d’adoration, pour Cy Twombly, cf. « Libération 11/16/2007 »(1.). C’est à partir de ce passage de seuil de l’un (celui qui peint) à l’altérité (celui qui voit) que s’effectue le travail de Cy Twombly. Un art de vespasiennes graphitées par des vers d’Hésiode, une monnaie scripturale de la transaction, du plaisir sensuel païen. Un éros qui se dessine et s’épanouit hors de la transcendance. Toute ressemblance avec les fresques pompéiennes, de tavernes, de bordel, de palais patriciens, n’est pas exclue.