In Libération, Rebond, le journal des idées, octobre 1994.
Le théâtre ne peut plus continuer de vivre sous la coupe de tous les pouvoirs possibles, rejetons aléatoires de l’époque. Qu’il s’en satisfasse et ses jours seront comptés.
Une question essentielle engage, bien au-delà du théâtre, toute une civilisa-tion: le théâtre, né avec la démocratie, mourra-t-il avec elle? Devant l’urgence, il nous faut répondre sur l’innocuité politique, cri-tique, du théâtre actuel, sa dérive, même dans ses formes les plus radicales, vers ce que les Américains appellent l’entertain-ment. Sur le basculement de toute forme d’art dans ce que Debord a théorisé sous le nom de « société du spectacle».De quoi s’agit-il? Ni plus ni moins que du blanchiment du théâtre, de la même manière qu’il existe le blanchiment des idées, de la drogue, des corps et de l’argent.[…]
